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Photo: Jacques Nadeau Archives Le Devoir
Guy Laliberté aurait décidé de céder presque toutes ses parts.
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La vente du Cirque du Soleil (CDS) pourrait se conclure
d’ici Pâques. En plus, son propriétaire majoritaire, Guy Laliberté, aurait
décidé de céder presque toutes ses parts. À la mise en vente de l’entreprise,
en 2014, le cofondateur n’envisageait qu’une cession partielle.
Ces informations sur l’évolution du dossier de l’heure dans
les industries culturelles du pays sont révélées dans l’édition de mercredi du
Globe and Mail. Le journal annonce que les offres définitives d’achat doivent
être déposées la semaine prochaine.
M. Laliberté ne conserverait que 10 % des parts de la
compagnie montréalaise fondée dans les années 1980. Il en contrôle maintenant
90 %. Le démarchage international des mandataires a attiré plusieurs
investisseurs potentiels qui ont multiplié les pressions pour une prise de
participation majoritaire.
La banque Goldman Sachs gère le dossier. Ses spécialistes
auraient initialement évalué la compagnie à environ 2 milliards.
Intérêt
L’appel d’intérêt a suscité la réaction de plusieurs grands
investisseurs. Ils auraient déchanté en consultant les livres comptables qui
montreraient une chute constante des revenus depuis quelques années. L’an dernier,
Guy Laliberté lui-même avait confié au Globe and Mail que les huit spectacles
de Las Vegas ne rapportaient plus que la moitié des quelque 850 millions
annuels de la période faste.
Un syndicat d’investisseurs lié à l’homme d’affaires
montréalais Mitch Garber se serait finalement retiré du processus. M. Garber
est notamment propriétaire de plusieurs casinos de Las Vegas.
La vente serait aussi compliquée par les exigences
concernant le siège social qui emploie environ 1400 personnes. Guy Laliberté voudrait
l’assurance qu’il ne déménagerait pas de Montréal.
Les partis d’opposition à Québec lancent des appels allant
dans le même sens. Ils exigent aussi l’intervention du gouvernement pour éviter
que ce fleuron des industries culturelles passe à des mains étrangères.
Un ministre peu inquiet
Le ministre de l’Économie, Jacques Daoust, affirme que les
possibilités d’intervention de l’État sont limitées en ce moment. « C’est une
société qui n’est pas cotée en Bourse, on n’a pas accès aux chiffres, on n’a
pas l’historique, a-t-il dit mercredi. Nous, tout ce qu’on voit, c’est les
spectacles. On ne peut pas intervenir à ce niveau-là, mais on peut intervenir
au moment où il y aura un repreneur […] pour nous assurer que ça reste ici. »
M. Daoust relativise les conséquences d’une vente de
l’entreprise à des acheteurs de l’étranger. « Les grandes institutions
québécoises, je vous donne un exemple, la Banque Nationale. Elle est cotée en
Bourse. Pensez-vous qu’elle n’appartient qu’à des Québécois ? Elle appartient
majoritairement à des actionnaires qui sont dans d’autres provinces.
L’important, c’est le siège social ici. »
Le CDS accumule les difficultés et les tuiles depuis
quelques années. La crise économique de la fin de la dernière décennie a
comprimé les visiteurs de Las Vegas. La compagnie a connu des échecs avec ses
spectacles Iris et Zarkana. En plus, Guy Laliberté a négligé son entreprise en
se consacrant à la réalisation d’un voyage dans l’espace et à l’aménagement
d’un atoll privé dans le Pacifique où il compte se retirer.
Stéphane Baillargeon
Source Le Devoir