mercredi 1 avril 2015

Le Cirque du Soleil serait vendu en totalité

Photo: Jacques Nadeau Archives Le Devoir
Guy Laliberté aurait décidé de céder presque toutes ses parts.

La vente du Cirque du Soleil (CDS) pourrait se conclure d’ici Pâques. En plus, son propriétaire majoritaire, Guy Laliberté, aurait décidé de céder presque toutes ses parts. À la mise en vente de l’entreprise, en 2014, le cofondateur n’envisageait qu’une cession partielle.
Ces informations sur l’évolution du dossier de l’heure dans les industries culturelles du pays sont révélées dans l’édition de mercredi du Globe and Mail. Le journal annonce que les offres définitives d’achat doivent être déposées la semaine prochaine.
M. Laliberté ne conserverait que 10 % des parts de la compagnie montréalaise fondée dans les années 1980. Il en contrôle maintenant 90 %. Le démarchage international des mandataires a attiré plusieurs investisseurs potentiels qui ont multiplié les pressions pour une prise de participation majoritaire.
La banque Goldman Sachs gère le dossier. Ses spécialistes auraient initialement évalué la compagnie à environ 2 milliards.
Intérêt
L’appel d’intérêt a suscité la réaction de plusieurs grands investisseurs. Ils auraient déchanté en consultant les livres comptables qui montreraient une chute constante des revenus depuis quelques années. L’an dernier, Guy Laliberté lui-même avait confié au Globe and Mail que les huit spectacles de Las Vegas ne rapportaient plus que la moitié des quelque 850 millions annuels de la période faste.
Un syndicat d’investisseurs lié à l’homme d’affaires montréalais Mitch Garber se serait finalement retiré du processus. M. Garber est notamment propriétaire de plusieurs casinos de Las Vegas.
La vente serait aussi compliquée par les exigences concernant le siège social qui emploie environ 1400 personnes. Guy Laliberté voudrait l’assurance qu’il ne déménagerait pas de Montréal.
Les partis d’opposition à Québec lancent des appels allant dans le même sens. Ils exigent aussi l’intervention du gouvernement pour éviter que ce fleuron des industries culturelles passe à des mains étrangères.
Un ministre peu inquiet
Le ministre de l’Économie, Jacques Daoust, affirme que les possibilités d’intervention de l’État sont limitées en ce moment. « C’est une société qui n’est pas cotée en Bourse, on n’a pas accès aux chiffres, on n’a pas l’historique, a-t-il dit mercredi. Nous, tout ce qu’on voit, c’est les spectacles. On ne peut pas intervenir à ce niveau-là, mais on peut intervenir au moment où il y aura un repreneur […] pour nous assurer que ça reste ici. »
M. Daoust relativise les conséquences d’une vente de l’entreprise à des acheteurs de l’étranger. « Les grandes institutions québécoises, je vous donne un exemple, la Banque Nationale. Elle est cotée en Bourse. Pensez-vous qu’elle n’appartient qu’à des Québécois ? Elle appartient majoritairement à des actionnaires qui sont dans d’autres provinces. L’important, c’est le siège social ici. »
Le CDS accumule les difficultés et les tuiles depuis quelques années. La crise économique de la fin de la dernière décennie a comprimé les visiteurs de Las Vegas. La compagnie a connu des échecs avec ses spectacles Iris et Zarkana. En plus, Guy Laliberté a négligé son entreprise en se consacrant à la réalisation d’un voyage dans l’espace et à l’aménagement d’un atoll privé dans le Pacifique où il compte se retirer.
Stéphane Baillargeon
Source Le Devoir