vendredi 25 septembre 2015

Les caméras tournent pour la dompteuse Jeannette Mac Donald

Une vie entière de passion, d'amour pour les animaux, les lions en particuliers ; une vie pour le cirque, avec ses joies, ses peines ; une vie aussi pour les autres, pour le bonheur simple de distiller l'émerveillement… Jeannette Mac Donald était cette femme unique qu'une passion sans limites a portée tout au long de son existence, et a fini par dévorer. Buzétoise d'adoption et de cœur, elle s'est éteinte non loin de là, à Grenade-sur-Garonne, dans une maison de retraite, elle qui voulait mourir dans une de ses cages à fauves devenue son deuxième chez soi. En 1999, un lion en peluche sur son cœur, l'incomparable dompteuse est partie rejoindre ses pairs, au paradis des âmes libres, fortes, parfois un peu seules… C'est l'histoire extraordinaire de cette femme hors du commun, enfant de la balle, personnage mis en avant dans nos colonnes moult fois, que le réalisateur Jacques Malaterre a choisi pour sa série de documentaires historiques «Les oubliés de l'Histoire», qui seront diffusés l'an prochain sur la chaîne Arte. Hier, à Buzet-sur-Tarn, sur les terres fantomatiques du vieux zoo, le matin, et l'après-midi en mairie, les caméras n'ont cessé de tourner. La ville s'est tout entière ouverte à cette aventure, tout comme Joël Fauré, qui a longtemps côtoyé Jeannette Mac Donald. L'auteur d'un livre sur celle qui, dit-il, «fut sa deuxième maman» vit ce moment comme «une vraie réhabilitation» (1). Le terme est approprié pour relater l'histoire d'une femme pas tout à fait comme les autres


Un lion dans… et sur le cœur

Jeannette est arrivée à Buzet en 1973 après l'incendie de son cirque à Alger. Elle s'y installe avec ses derniers animaux et y vivra 25 ans dans des conditions de plus en plus misérables. «Elle n'avait pas ni eau ni électricité et n'a jamais remonté la pente parce qu'elle n'a pas su se vendre», dit Joël Fauré, toujours avec beaucoup d'émotion
Avec ses cinq lions, quelques singes et des chiens, sa ménagerie a bien du mal à faire rêver au-delà du village. Les bêtes sont nourries en partie par des habitants qui apportent des restes et carcasses conscients des difficultés rencontrées par Jeannette. Mais la générosité affichée ne lui apportera pas que du bon… Brigitte Bardot déposera plainte contre elle pour «mauvais traitement des animaux». A Buzet, c'est l'effroi, la colère.Une longue chaîne de solidarité pour «leur dompteuse» unit des habitants du villageois, et au-delà. Jusqu'au célèbre avocat Gilbert Collard, sensible à cette cause, ou encore Gilbert Edelstein, patron du cirque Pinder, qui met la main à la poche pour aider l'ancienne gloire du cirque. Mais la descente aux enfers, un court instant endiguée, ne s'arrêtera pas. Un incendie ravage la petite caravane. Les animaux, petits à petits, disparaissent. Jeannette ne survivra pas à la mort de son dernier lion. Elle s'éteint entre quatre murs, elle qui a passé sa vie à respirer le grand air. Elle repose aujourd'hui au cimetière de Bessières. Mais grâce au petit écran, la dompteuse de Buzet s'apprête à renaître pour le plus grand bonheur de ses admirateurs. La reine des fauves est de retour chez elle…
Source La Dépêche - Emmanuel Haillot