Annulation de la foire Saint-Romain, à Rouen. « Un énorme gâchis », explique un forain
Une semaine après l'annulation de la foire Saint-Romain, à Rouen (Seine-Maritime), Normandie-actu a rencontré un forain, qui évoque ses inquiétudes, et ses doutes. Témoignage.
La fête foraine de Rouen (Seine-Maritime) représente pour beaucoup plus de 20% de leur chiffre d'affaires annuel. (Photo Visiographe) |
Morgan, confiseur, a accepté de témoigner pour Normandie-actu, sur sa situation actuelle, après l’annulation de la foire Saint-Romain, à Rouen (Seine-Maritime). Il revient tout juste de Paris, où il est allé déposer son matériel professionnel et réfléchir à la manière dont il peut combler le manque à gagner des prochaines semaines. Combler ? Un bien grand mot, il sait qu’il n’y parviendra pas, mais, en tout cas, s’il peut déjà limiter la casse…
Sur le site de l’esplanade Saint-Gervais, à Rouen, beaucoup de forains sont encore là avec leurs caravanes. Mais certains reprennent la route. Comme s’ils voulaient échapper à ce lieu, qui leur rappelle à chaque instant le gâchis de cette année 2015. Les forains ont jusqu’au 30 novembre 2015 pour quitter les lieux, et ce, même si l’agenda des fêtes foraines n’est pas chargé actuellement. La foire de Rennes débutera le 5 décembre. La fête foraine de Rouen représente pour beaucoup plus de 20% de leur chiffre d’affaires annuel.
Sur le site de l’esplanade Saint-Gervais, à Rouen, beaucoup de forains sont encore là avec leurs caravanes. Mais certains reprennent la route. Comme s’ils voulaient échapper à ce lieu, qui leur rappelle à chaque instant le gâchis de cette année 2015. Les forains ont jusqu’au 30 novembre 2015 pour quitter les lieux, et ce, même si l’agenda des fêtes foraines n’est pas chargé actuellement. La foire de Rennes débutera le 5 décembre. La fête foraine de Rouen représente pour beaucoup plus de 20% de leur chiffre d’affaires annuel.
« Certains s’en vont, dégoûtés »
Certains se demandent s’ils vont rester, mais beaucoup sont dégoûtés. On a l’impression d’un énorme gâchis. Personnellement, je ne croyais pas que la Saint-Romain serait annulée. On a voté pour rejeter Saint-Gervais. Finalement, on nous a expliqué qu’il faudrait peut-être accepter : j’ai fait partie des 170 qui ont voté non, puis, de réunion en réunion, des arguments que nous ne connaissions pas ont été mis sur la table : j’aurais été prêt, c’est vrai, à dire oui pour le déplacement, mais certains n’ont pas voulu monter. Et on a respecté le choix de la majorité. J’éprouve des regrets, oui, mais je comprends mes collègues qui ont dit non », explique Morgan.
Des torts partagés ?
Morgan rejette en bloc les raisons invoquées par les élus, selon lesquelles les forains ne se seraient pas entendus sur le placement, ce qui, de fait, aurait entraîné l’annulation de l’événement qui devait débuter le 23 octobre. « C’est beaucoup plus compliqué que cela. Il n’y avait pas la place pour tout le monde à Saint-Gervais. Trop de choses sont entrées en ligne de compte. Il y a eu beaucoup de mensonges : alors, oui, on a sûrement aussi des torts du côté des forains, mais les élus en ont aussi ».
Entre fierté et orgueil, les forains tiennent à souligner ces sentiments, comme des valeurs sur lesquelles ils n’ont pas voulu transiger. Mais ils ont bien conscience aussi que cela s’est fait au détriment de leur situation financière. Car c’est bien de cela dont il s’agit aujourd’hui pour la majorité des forains de la Saint-Romain : manger, faire vivre la famille, payer les factures, les crédits… et envisager les longues semaines d’hiver qui s’annoncent.
Entre fierté et orgueil, les forains tiennent à souligner ces sentiments, comme des valeurs sur lesquelles ils n’ont pas voulu transiger. Mais ils ont bien conscience aussi que cela s’est fait au détriment de leur situation financière. Car c’est bien de cela dont il s’agit aujourd’hui pour la majorité des forains de la Saint-Romain : manger, faire vivre la famille, payer les factures, les crédits… et envisager les longues semaines d’hiver qui s’annoncent.
Prochain rendez-vous pour Morgan : la foire du Trône
Pour Morgan, le prochain rendez-vous, c’est la foire du Trône… pas avant le mois de mars ! Mais d’ici là ? « J’espère pouvoir monter une petite confiserie dans le secteur, pour la fin de l’année », confie-t-il, non sans inquiétude. Les autres années, il va à Dunkerque, mais cette année, il va rester à Rouen. Et pour l’année prochaine ? Morgan estime que les choses n’ont pas beaucoup avancé, mais, pour l’instant, il est convaincu que les forains « ont besoin de se sortir de là, de penser à autre chose. C’est loin d’être terminé », songe-t-il, comme pour signifier que le problème reste entier. Il reste convaincu que les élus ont vraiment « mal négocié » tout ce dossier et pour tout dire, qu’ils ont été « mauvais dans leur façon de faire ».
« On devait se battre »
Triste. C’est le sentiment qui domine aujourd’hui chez Morgan, qui insiste sur le fait qu’ils « devaient se battre. On a embêté quelques heures les gens ? C’est vrai, mais, pour nous, c’étaient près de trois mois de salaires d’une année qu’on défendait. Le préjudice financier est terrible, même si on a de la fierté. Et ce qui m’énerve, c’est qu’on a touché à la deuxième plus grande foire de France », conclut Morgan.
Source Normandie Actu
Le reportage de France 3 Haute-Normandie sur le désarroi des forains :
la vidéo I C I