lundi 4 juillet 2016

Les éléphants de cirque finiront leurs vieux jours en Haute-Vienne

Le projet est unique en Europe : deux ressortissants belges veulent créer sur la commune de Saint-Nicolas-Courbefy une «maison de retraite» pour éléphants. 
Une maison de retraite pour éléphants? On l'avoue, le projet baptisé Elephant Haven semble complètement dingue. Tony Verhulst et Sofie Goetghebeur sont pourtant bien décidés à créer cet espace unique en Europe au beau milieu de la Haute-Vienne, à Saint-Nicolas-Courbefy, non loin de Bussière-Galant. 
Et si tout le monde trouvait l'idée un peu farfelue au départ, l'acte d'achat du terrain signé le mois dernier a fait comprendre aux plus réticents qu'il était bel et bien lancé... 
La «maison des éléphants» n'a rien à voir avec celle sur la photo. Les pachydermes vivront 
dans un premier temps sur un terrain de 7 hectares mais pourront également rentrer dans des 
hangars chauffés.
Le 25 mai dernier, Lucia Soeters leur a cédé un terrain de 29 hectares doté d'une immense bâtisse, de points d'eau et de hangars pour 250.000 euros
Avec 75.000 euros d'apport et un crédit sur 20 ans, la signature chez le notaire a définitivement acté l'idée que des pachydermes allaient bientôt côtoyer les vaches limousines. 
En attendant les vrais, Tony et Sofie se contentent de représentations artistiques d'éléphants, 
déposées un peu partout sur leur domaine.
 «Il y a plus de 100 éléphants dans les cirques en Europe. Nous proposons d'en accueillir ici, de s'occuper d'eux, de les soigner pour qu'ils puissent terminer paisiblement leurs vieux jours», résume le couple. 
«Il faut au moins 2 hectares de terrain pour chaque éléphant afin qu'il se sente bien. Nous ne pourrons dans un premier temps en accueillir que 2 ou 3 et au maximum 10.» 
Une étable dans laquelle ils pourront rentrer et sortir à loisir sera chauffée. Il leur suffira de pousser une immense porte en plastique en pesant de tout leur poids sur les battants. Une société spécialisée dans les constructions pour les zoos sera chargée de la rénover et de l'aménager très prochainement.  
La première phase va consister à clôturer 4 hectares de terrain avec des poteaux en acier et 9.000 mètres de câbles, fournis gracieusement par une entreprise belge. Une double clôture avec d'immenses piquets en châtaigner et du grillage classique seront posés autour de la première clôture, sur 7 hectares.
Il vaut mieux que les piquets soient grands...

La seconde phase consistera à mettre en place une passerelle et une plateforme pour pouvoir observer les éléphants, sans bien sûr perturber leur tranquillité. 
«A terme, nous aimerions que des scolaires puissent venir observer les éléphants.»
Une étude  est en cours pour savoir quel impact ce projet pourrait avoir sur l'environnement... au beau milieu du parc naturel Périgord Limousin.

La troisième phase consistera à construire une immense étable pour accueillir 5 éléphants une fois le plan local d'urbanisme modifié.

Leur parcours: Tony Verhulst et Sofie Goetghebeur ont travaillé durant 20 ans dans un zoo à Anvers. Lui s'est occupé des éléphants durant 14 ans. L'idée leur est alors venu de créer Elephant Haven. 
«Des sanctuaires de ce type existent en Asie, en Afrique, aux Etats Unis (en Californie et dans le Tennessee). Mais aucun n'a été créé en Europe. Au début, avec l'administration française, il a fallu se montrer très convaincant... On nous prenez pour des fous. Mais nous sommes déterminés», s'amuse le couple. 

Les premiers éléphants pourraient être accueillis par ces passionnés au cours de l'année 2017.


Qui finance ?
Le couple a indiqué que l'association One Voice qui s'occupe des animaux sauvages avait effectué une «grosse donation» sans que le montant soit communiqué. Un sanctuaire pour éléphants basé dans le Tennessee a donné 5.000 euros. Une organisation en Suède et le système 1% pour la planète ont permis de recueillir un peu d'argent. 
Des ventes aux enchères de tableaux et de sculptures ont été organisées. Ce fut le cas en Haute-Vienne à Saint-Mathieu (700 euros) ou à Londres (35.000 euros).  
Enfin des particuliers sensibles au projet se mobilisent, telle cette dame en Belgique qui donne 3 euros chaque mois pour le projet. 
A noter qu'une nouvelle vente aux enchères sera organisée le 4 septembre au château de Bonneval. 
Comme le projet est unique en Europe, des campagnes de financement participatif ont permis de mobiliser des Français, des Belges, mais aussi des Allemands ou des Espagnols.
Source Le Populaire - Franck Lagier