DE GRANDS INVESTISSEURS LORGNENT LE CIRQUE DU SOLEIL
En tout ou en partie, le Cirque du Soleil est à vendre. Et l’entreprise québécoise intéresse rien de moins que des firmes d’investissement américaines comme le Carlyle Group et TPC Capital Management, selon l’agence Bloomberg.
Selon Bloomberg, le Cirque du Soleil cherche à conclure une
transaction qui chiffrerait la valeur totale de l’entreprise à 2 milliards US.
À titre d’exemple, selon ce scénario, une participation de 20 % du Cirque se
négocierait pour 400 millions US. À une valeur totale de 2 milliards US, le
Cirque se transigerait environ 12 fois ses profits annuels de quelque 170
millions US en 2014. Le cofondateur du Cirque, Guy Laliberté, détient 90 % des
actions de l’entreprise. L’autre bloc de 10 % est détenu par deux fonds
immobiliers de Dubaï.
Le Cirque du Soleil n’a pas confirmé hier les informations
de Bloomberg.
« Le processus de recherche d’un partenaire stratégique est
en cours, et il est très long. Il n’y a rien de nouveau depuis les entrevues de
M. Laliberté sur le sujet l’an dernier. Nous ne dévoilons pas qui manifeste son
intérêt. »
— Renée-Claude Ménard, porte-parole du Cirque du Soleil
En entrevue en décembre dernier avec le Wall Street Journal,
M. Laliberté avait fait part de son intention de vendre « de 20 à 30 % » des
actions du Cirque à un partenaire qui appuierait la croissance mondiale de
l’entreprise.
À la fin de l’année 2014, le Cirque a engagé la banque
d’affaires américaine Goldman Sachs pour trouver un « partenaire stratégique »,
a ensuite révélé l’agence Reuters. Citant des sources près du dossier, mais qui
souhaitaient ne pas être nommées en raison de la nature privée des discussions,
l’agence Reuters précisait alors que le Cirque explorait toutes ses options, y
compris la vente d’une participation majoritaire, mais que l’entreprise n’avait
pas encore pris sa décision sur l’importance du bloc d’actions qui serait mis
en vente.
« Les scénarios détaillés par les médias en ce moment sont
prématurés. Nous faisons l’exercice de recherche de partenaires stratégiques
avec diligence et chacune des options sera évaluée », a indiqué Renée-Claude
Ménard, porte-parole du Cirque du Soleil.
QUI SONT CARLYLE ET TPG ?
Fondé à Washington en 1987, le Carlyle Group est l’une des
plus importantes firmes d’investissement au monde. La firme avait un actif sous
gestion de 203 milliards US à la fin de l’année 2013, selon son dernier rapport
annuel. Sa division d’investissement privé – celle qui investirait dans le
Cirque du Soleil si une transaction se réalisait – gère des actifs de 65
milliards à travers 31 entreprises et fonds. Depuis mai 2012, les actions du
Carlyle Group se négocient au NASDAQ, à New York.
Parmi ses derniers investissements ayant reçu beaucoup
d’attention, le Carlyle Group a fait un coup d’argent en achetant en 2013 près
de 50 % des actions du fabricant d’écouteurs Beats Electronics, l’entreprise
cofondée par le musicien Dr. Dre. Le Carlyle Group avait alors déboursé environ
500 millions pour son bloc d’actions, ce qui établissait la valeur totale de
l’entreprise à un peu plus de 1 milliard de dollars américains. Un an plus
tard, en 2014, Apple achetait Beats pour 3 milliards, ce qui a permis au
Carlyle Group de réaliser un rendement de 200 % sur son investissement dans
Beats.
L’autre firme qui envisage de devenir actionnaire du Cirque
du Soleil, TPG Capital (anciennement Texas Pacific Group), gère des actifs de
65 milliards. Parmi ses investissements les plus connus : le service de
transport Uber, la chaîne hispanophone de télé aux États-Unis Univision et les
chaînes d’hôtels Fairmont et Swissôtel. Fondée en 1992, TPG est une firme basée
à la fois au Texas et à San Francisco. Comme elle n’est pas inscrite à la
Bourse, ses états financiers ne sont pas du domaine public.
VENTE D'ACTIONS
En août 2008 – tout juste avant la crise financière –, Guy
Laliberté avait vendu 20 % du Cirque du Soleil à deux fonds immobiliers de
Dubaï. En 2014, M. Laliberté, qui a cofondé le Cirque du Soleil à
Baie-Saint-Paul en 1984 avec Gilles Ste-Croix et Daniel Gauthier, avait racheté
un bloc de 10 % des actions à ses partenaires de Dubaï, détenant ainsi 90 % des
actions du Cirque du Soleil.
En janvier 2013, le Cirque du Soleil a licencié 400 de ses
2000 employés, créant une onde de choc dans l’industrie québécoise du
divertissement, puisque la majorité des pertes d’emploi ont eu lieu au siège
social de l’entreprise à Montréal. L’entreprise avait expliqué devoir faire ces
licenciements en raison des coûts de production des spectacles qui avaient
beaucoup augmenté, de la récession mondiale, des conditions économiques plus
difficiles à Las Vegas, de la force du dollar canadien et de l’annulation de
certains spectacles.
Source lapresse.ca VINCENT BROUSSEAU-POULIOT