lundi 2 mars 2015

la vie d’Adèle entre ciel et terre

Prouesse. Au cirque Arlette Gruss, le numéro de sangles aériennes d’Adèle est époustouflant. Rencontre en coulisses

 La mère d’Adèle, Tamara, boîte après l’exécution, à l’instant, de son numéro de trapéziste, car elle s’est fait mal en touchant la piste. Mais ce qui compte avant tout, c’est sa fille qui va entrer en scène : « Ne soyez pas trop long pour votre interview, elle a besoin de vingt minutes pour se concentrer avant son numéro. »

À tout juste 20 ans, plus jeune que ce cirque qui fête son trentième anniversaire à Rouen, Adèle apparaît pourtant souriante et décontractée, heureuse d’évoquer sa vie d’enfant de la balle, née dans un cirque et ne vivant que pour le spectacle. « J’ai commencé le trapèze très tôt, dans le ventre de ma mère, qui exécutait son numéro à quatre mois de grossesse » s’amuse-t-elle.

Douceur en apesanteur

Pourtant, ce n’est pas le trapèze qu’elle va choisir quand, toute petite, elle s’initie aux jeux du cirque, en pratiquant l’acrobatie, l’équilibre et le jonglage. Son goût pour les sangles lui est venu à 4 ans et elle a conçu son spectacle actuel en collaboration étroite avec sa maman. « J’ai eu l’idée de m’accrocher par les pieds et par les mains à deux lanières. J’ai voulu un numéro original, j’avais des idées et ma mère les validaient, ou pas, pendant les séances d’entraînement. » Si Adèle cherchait l’originalité, c’est gagné. À 8 m de hauteur, sans harnais de sécurité, elle livre un impressionnant tourbillon d’agilité, de grâce et de fougue, un numéro bien nommé « Douceur en apesanteur ». Ses figures parfaitement rodées ne la dispensent pas d’un trac toujours présent avant d’entrer en piste. « La volonté d’être à fond, d’exécuter mes figures parfaitement, et puis, une chute est toujours possible. Je suis déjà tombée en me cassant le poignet et en m’abîmant la colonne vertébrale. » Rien, cependant, qui puisse ternir le plaisir visible qu’elle ressent à chaque représentation. Née au cours d’une tournée de Gruss, et filleule de la fondatrice Arlette, le hasard fait qu’elle se retrouve vingt ans plus tard à Rouen dans la même enceinte, alors que les artistes changent tous les ans de cirque. « C’est trop beau, ma vie » soupire-t-elle, radieuse.
Source Paris-Normandie