Quand le cirque se la joue sexy(Québec) Le Cirque du Soleil nous a habitués à des spectacles familiaux colorés à grand déploiement. Empire de Spiegelworld, qui s'installe dans le port de Québec dès mercredi et jusqu'au 19 juillet, propose une expérience tout autre. Dans une formule cabaret, Empire flirte avec le vaudeville, le burlesque, la comédie et la sensualité. Et la consommation d'alcool est encouragée... Enfants, s'abstenir.
Pour Lucia Carabines,
qui incarne Mademoiselle A, faire partie d'Empire est un rêve devenu réalité.
PHOTO PATRICK BEAUDRY
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C'est en 2006 que le producteur Ross Mollison fonde la compagnie
Spiegelworld, dont le nom est inspiré de la Spiegeltent (voir autre texte). Le
premier spectacle, Absinthe, est présenté dans la Spiegeltent sous le pont de
Brooklyn, à New York. Absinthe est depuis 2011 dans la cour avant du Caesars
Palace à Las Vegas, là où Céline Dion se produit. Spiegelworld a aussi
coproduit La vie de la troupe mont-réalaise Les 7 doigts de la main.
En 2012, Mollison fait appel à plusieurs artistes de cirque d'un
peu partout sur la planète pour créer Empire à Times Square. Parmi eux,
Jonathan Taylor et Anne Goldmann qui interprètent les maîtres de cérémonie
Oscar et Fanny. Avant Empire, le couple marié californien bourlinguait dans le
monde avec ses personnages de clown. Jusqu'à ce que les producteurs d'Empire
lui mettent le grappin dessus.
Entre les numéros d'acrobaties, où la tension est à couper au
couteau, Oscar et Fanny taquinent les spectateurs, détendent l'atmosphère. Leur
but? Faire rire. «On veut amener les spectateurs hors de leur coquille, indique
l'interprète d'Oscar. Ce n'est pas un spectacle de théâtre. Il n'y a pas de
quatrième mur. Alors, c'est vraiment interactif et ouvert.»
Oscar et Fanny ont même traduit leurs interventions dans la langue
de Molière pour le public de Québec. Une attention qui sera sans aucun doute
appréciée, leur dit-on.
Oscar et Fanny sont en quelque sorte à la base de l'histoire
d'Empire, inspirée du mouvement pacifique Occupy Wall Street qui dénonce le
capitalisme. «On était des producteurs très riches et l'économie s'est
effondrée, raconte Jonathan Taylor. On a rassemblé tous nos amis pour essayer
de reconstruire notre empire.»
Excentricité
Et leurs amis ont de bien drôles de noms... Il y a entre autres La
femme vert lime, L'homme carotte, Le mec asiatique à moitié nu portant des
couettes, Le garçon Big Mac et Le Pierrafeu noir! Ça donne une idée du sérieux
du propos de ce spectacle qui se vante d'être excentrique.
Et que dire des Filles gorilles? Le trio de femmes au début de la
vingtaine (Kateryna Rudenko, Leslie Munos et Alina Reutska) faisait partie des
Guerrilla Girls, un groupe d'artistes féministes fondé en 1985 à New York. Les
Guerrilla Girls revendiquent la place des femmes et des personnes de couleur
dans l'art. Lors de leurs performances, elles portent toujours un masque en
forme de tête de gorille. «Il y a eu beaucoup de protestation quand on a
commencé à Broadway. Les producteurs d'Empire sont venus nous chercher et nous
ont mis comme personnages dans le spectacle», explique l'Ukrainienne Alina
Reutska.
Dans Empire, les Filles gorilles ôtent leur masque et incarnent le
féminisme... en porte--jarretelles! Les interprètes, qui rivalisent d'équilibre
et de force dans leur numéro de pyramide humaine, assument leur sensualité sur
scène et en dehors. «Ce spectacle nous convient parfaitement, croit Alina.
Avant, on ne pouvait pas exploiter notre côté sexy, on ne pouvait pas s'ouvrir
autant. On se sent plus à l'aise. On peut être libres.»
Coup du destin
Empire a été présenté à New York, en Australie, en
Nouvelle-Zélande et au Japon avant d'atterrir au Canada, d'abord à Montréal en
mai, puis à Québec. La troupe poursuivra son périple à Ottawa, Toronto et
Vancouver.
Pour Lucia Carabines, qui incarne Mademoiselle A dans une bulle,
faire partie d'Empire est un rêve devenu réalité. «Ça a toujours été mon rêve
de faire un spectacle de renommée mondiale comme Empire. J'ai été surprise
parce que c'est arrivé plus tôt que je ne le croyais», dit-elle. À Melbourne,
où elle a grandi, elle s'adonne à la danse et à la gymnastique. C'est à 14 ans
qu'elle a un coup de coeur pour le trapèze et la contorsion. Elle s'entraînera
d'ailleurs seule pour devenir contorsionniste puisque aucune école n'existe
dans ce domaine dans son coin de pays. Elle fait des spectacles corporatifs,
puis le spectacle Empire arrive à Melbourne. Coup du destin : celle qui incarne
Mademoiselle A souffre d'une appendicite et ne peut se produire dans le
spectacle. Le bouche-à-oreille fait son oeuvre et Lucia Carabines décroche le
contrat de remplacement. Elle a deux jours pour apprendre ce rôle d'une
Américaine (son minuscule costume porte d'ailleurs les couleurs du drapeau des
États-Unis). Elle joue dans le spectacle pendant une semaine puis retourne chez
elle. Quelques mois plus tard, son téléphone sonne. On lui offre le rôle de
façon permanente.
Mademoiselle A se contorsionne à l'intérieur d'une sphère aérienne
qui tourbillonne. Carabines exécute aussi différentes positions lorsque la
bulle s'ouvre, se tenant en équilibre uniquement par les doigts et les orteils.
Tout ça sans être attachée. Une expérience grisante, admet-elle. «Dans la
plupart des numéros aériens, on n'est pas attachés et c'est ça qui rend le tout
excitant.»
Qu'est-ce que la Spiegeltent ?
La Spiegeltent d'Empire sera érigée dans le port de Québec où se
trouve habituellement le chapiteau du Cirque du Soleil. La salle itinérante est
faite de bois antique. Des miroirs biseautés (qui permettent de voir le
spectacle sous tous ses angles) et des vitraux décorent l'intérieur. La Spiegeltent
accueille une petite scène de trois mètres autour de laquelle sont disposés en
cercle les 700 spectateurs. Banquettes de velours, tables rondes et bar
contribuent à créer l'ambiance d'un cabaret. Les premières Spiegeltent (qui
veut dire «tente de miroirs» en néerlandais) ont été construites à la fin du
XIXe siècle. Elles servaient de salles de danse transportables dans des villes
où il n'y avait pas d'installations adéquates. La plus célèbre Spiegeltent est
certainement celle que l'on nomme The Famous Spiegeltent, construite en
Belgique en 1920 par Oscar Mols Dom et Louis Goor. Plusieurs artistes se sont
produits dans The Famous Spiegeltent. Dans les années 30, la chanteuse et
actrice allemande Marlene Dietrich a chanté Falling in Love Again dans l'une d'elles.
Il ne reste qu'une douzaine de Spiegeltent dans le monde.
DAPHNÉ BÉDARD Le Soleil la presse.ca
EMPIRE 2015 AU CANADA
Ottawa Region: dès le 28 juillet 2015
Toronto : dès le 1 septembre 2015
Vancouver: dès le 24 novembre 2015
Oscar et Fanny Jonathan
Taylor et Anne Goldmann Hôte et
hôtesse États-Unis
Mademoiselle A dans une bulle Lucia
Carabines Sphère aérienne et
contorsion Australie
Les filles gorilles Leslie
Munos, Alina Reutska et Kateryna Rudenko (Trio Bingo) Banquine États-Unis
/ Ukraine
L'homme aux graffitis en 3D Memet
Bilgin (Rigolo) Toupie sur bois
flottant et équilibre de branches d’argousier Turquie
/ Canada
Le Tarpoléon bleu et la Femme à pois Denis Petaov et Mariia Beseimbetova Patinage à roulettes Russie
La femme vert lime et l'homme carotte Vlad Ivashkin & Aiusha Khadzh Khamed (Duo Flame) Adagio/main à main Ukraine
Le garçon Big Mac et le Pierrafeu noir Enoch Belachew Yazachew et Temegen Adole Zada Risley (jonglerie avec les pieds) Éthiopie
Le mec asiatique à moitié nu portant des couettes Yasu Yoshikawa Cyr et roue Allemande Japon
Mademoiselle Violette Casey
Jamerson Chanteuse États-Unis
Moondog Aurelien Budynek Musicien France