vendredi 15 avril 2016

L'incroyable histoire d'un lion échappé du Cirque Durand en 1968

Le dompteur Pierre Thomas parvient finalement à obliger le lion « Prince » à emprunter ce tunnel de barrières et remonter dans la remorque cage, au cours de cette folle nuit du 28 juin 1968. | Archive de Georges Quideau


La présidente de l’association Passé composé, Martine Pennanguer, a raconté l’anecdote de l’échappée du lion de Kergoalabré, en juin 1968.

Martine Pennanguer, présidente de l’association Passé composé, raconte cette histoire insolite qui s'est déroulée en 1968 à Bannalec. 

Pouvez-vous nous rappeler le contexte de cette histoire ?
Cette histoire s’est passée le vendredi 28 juin 1968. À Bannalec, sur la place de la Libération, s’est installé le cirque Durand, petit établissement breton de Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique). Pierre Thomas est un dompteur originaire d’Auray, il travaille pour la saison dans ce cirque. Ce soir-là, il présente un numéro de lions. Une cage circulaire a été montée sur la piste. Les Bannalécois sont venus nombreux avec leurs enfants. L’occasion d’assister à un spectacle de cirque n’est pas si habituelle. Pour les plus chanceux qui ont la télévision, l’émission La Piste aux Étoiles reste leur seule référence.
Comment le lion s’est-il échappé ?
Lors d’une première figure, un lion heurte assez violemment la grille et l’ensemble de la cage vibre. Au second passage, la même chose se reproduit mais cette fois-ci, les barreaux cèdent et le lion se retrouve face à l’entrée du public. Surpris par cette soudaine liberté, il fonce droit devant lui. Il traverse la rue Nationale puis s’engouffre dans la rue Saint-Lucas.Il n’y a pas eu de panique, car cette action a été rapide. D’abord confinés dans l’enceinte du cirque, les Bannalécois ont regagné rapidement leur domicile. D’autres plus téméraires, dont le photographe Georges Quideau, se sont lancés, avec le dompteur et la famille Durand, à la poursuite du lion, prénommé Prince. Le lion sautait de jardin en jardin, dérangé par ses poursuiveurs, dont le gendarme Mahé et le maréchal des logis Daoulas.Sa trace est retrouvée à la ferme de Kergoalabré où dorment Henri Bihan et son épouse, réveillée par le bruit du lion qui vient de casser les vitres de la véranda. Arrivés sur les lieux, Pierre Thomasn le dompteur, et M. Durand mettent en sécurité Henri Bihan en le faisant remonter à l’étage, ferment et protègent par du matériel les portes de la maison. Puis ils poussent le lion dans la véranda. Prince, libéré de sa fâcheuse position, se glisse dans la laiterie attenante.
Comment se termine cette aventure ?
Des grilles et cages sont rapidement disposées autour de la laiterie. On imagine la tension sur les lieux. Il paraît que le bassin à poissons tout proche reçut ce soir-là plusieurs baigneurs involontaires. Les époux Bihan suivent les opérations des fenêtres de l’étage, mais les gendarmes les évacuent par une échelle. Le dompteur est entré dans la véranda et oblige Prince à emprunter le tunnel conduisant à la remorque cage. Le lion s’exécute au grand soulagement de tous.Quelques années plus tard, Pierre Thomas, connu et soutenu par la municipalité de Guidel, acheta un terrain où il ouvrit un premier zoo (le Palmero) puis le zoo de Pont-Scorff. Il est décédé en 2002 et ce sont ses enfants qui lui ont succédé.
Source Ouest France