Le cirque installé sur un parking face au Leclerc de Bonneuil
qui s’affiche en gros sous le nom de « Zavatta » et, parfois en beaucoup plus
petit avec le prénom « Cristina », ne fait pas rire Lydia
Zavatta. La fille d’Achille, l’un des clowns les plus populaires de
France décédé en 1993, assigne en justice Jean Renold, celui qu’elle accuse «
d’atteinte aux droits de propriété intellectuelle » et « d’utilisation
frauduleuse du nom Cirque
Zavatta »,
protégé.
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Bonneuil, ce mardi. Jean Renold fait son cirque sous les couleurs de Zavatta, prénom Cristina et il est attaqué pour cela par les héritiers d’Achille Zavatta. (LP/C.N.) |
C’est la deuxième procédure en deux ans contre
l’intéressé.
Tout y est :
le rouge, le jaune, les grandes affiches avec lions rugissants, clown blanc et
Auguste à la bouche immense, et enfin le grand chapiteau pointant vers le ciel…
Et devant les énormes caravanes, des enclos avec quatre biquettes, un lama,
trois poneys, un nandou et un buffle, quasi sur le bitume. Le cirque a de quoi
attirer les foules. Mais celui-ci, tenu par Jean Renold, officiellement «
commerçant ambulant », risque aussi de s’attirer des ennuis. Pourtant l’homme
se dit serein : « Je travaille depuis un mois, c’est un cirque familial. Et
oui, j’ai eu l’assignation, mais nous aussi nous avons pris un avocat. Et ce
nom, je l’ai loué à Cristina Zavatta qui
vit en Italie. Pour moi, c’est un logo », assure-t-il. Et c’est là où le bât
blesse. « Il n’y a pas de Cristina Zavatta dans notre famille, c’est un prénom
inventé », assure Lydia Zavatta. Et ce Monsieur Renold n’a pas de contrat de
location d’enseigne ».
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llustration. Affiche représentant Lydia et son père Achille Zavatta. (DR.) |
Pour se protéger de toute usurpation,
Lydia, Willie, William dit Achille et Stéfan Zavatta, les héritiers de feu
Achille Zavatta ont déposé onze marques françaises*. C’est l’avocat lillois
Maître Martin Grasset qui traque les faux Zavatta pour les descendants
d’Achille. « Le fameux clown, pour avoir rendu le cirque populaire à la
télévision avec l’émission La Piste aux étoiles, n’est pas seulement un nom,
explique l’avocat. Il est également une marque. »
Et pour les Zavatta légitimes, ces
noms devenus marques déposées leur permettent d’agir légalement, sur la base de
contrefaçon, à l’encontre de quiconque utilise un terme identique ou similaire
contenant les mots « Cirque » et « Zavatta » pour des spectacles de cirque.
Parallèlement, il arrive aux « légitimes » de louer leur nom. Ainsi, depuis dix
ans, c’est la réputée famille circassienne Caplot qui dirige le cirque Lydia
Zavatta installé en ce moment à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). « Nous
savons à qui nous louons, assure Lydia. Je respecte le nom de mon père. Et ceux
qui travaillent dans la légalité ont aussi à cœur de ne pas voler le public et
de lui présenter un bon et beau spectacle ».
* Cirque Zavatta,
Cirque Stéphane Zavatta, Cirque Lydia Zavatta, Cirque Edmond Zavatta, Cirque
Achille Zavatta (propriété d’Eric
Zavatta), Cirque Achille Zavatta (propriété de William
Zavatta), Cirque Zavatta Petit-Fils, Rico Zavatta, Cirque Willie
Zavatta, Eric Zavatta, Warren Zavatta.
Selon la fille aînée d’Achille, âgée aujourd’hui de 78
ans, il y aurait en moyenne 40 faux Zavatta qui tournent en France en usant de
la notoriété familiale. « Tous ceux qui sont passés au tribunal ont perdu,
affirme-t-elle. Il y a quelques années, certains avaient même volé un stock
d’affiches de mon frère ».
Il y a quelques jours, Arthur, voisin du cirque de
Bonneuil a emmené ses deux enfants au spectacle, alléché par le nom.
L’expérience fut décevante : « Franchement ? C’était minable, assure le papa.
On a vu 3 pauvres chèvres, le lama et les poneys et quelques artistes qui me
semblaient très jeunes. Ça ne valait pas les 30 € d’entrée. Mais je viens tous
les jours avec les petits pour nourrir les animaux. Ça me désole… »
Source le Parisien