Face au
harcèlement dont ils sont l'objet au nom de la cause animale, les cirques
ripostent. Le 14 juin, ils organisent à Paris une journée de découverte
gratuite.
La cause animale, qui était jusque-là un sujet de société, est en train de devenir un enjeu politique. À telle enseigne que le petit "parti animaliste" vient d'investir 147 candidats à la faveur des législatives de juin 2017, et ce n'est pas tout.
Depuis plusieurs mois les scandales se succèdent : l'association
L214 a dénoncé il y a peu les conditions d'élevage de 160 000 poules en Vendée.
Les conditions dans lesquelles les bêtes d'abattoir sont mises à mort font
régulièrement la Une de l'actualité depuis 2010. Ségolène Royal a terminé son
mandat en interdisant la reproduction des mammifères marins dans les parcs
aquatiques.
Des rumeurs...
Ces derniers jours, c'est la décision
d'un petit-fils Bouglione, André-Joseph, d'abandonner l'utilisation des animaux
pour son spectacle qui a fait la Une, certains médias confondant allègrement ce
petit cirque avec le grand Cirque
d'Hiver Bouglione.
De son côté, le Youtubeur Rémi Gaillard a
mis le feu aux poudres en mettant en ligne une vidéo dénonçant les conditions
de dressage des animaux de cirques. Cette vidéo montre des oursons et des
éléphanteaux torturés dans des cirques asiatiques, alors que le propos du
Youtubeur est de dénoncer la pratique des cirques français. Ceux-ci ont crié à
la manipulation, mais la rumeur enfle.
Dans la même veine, on pouvait sur lire
il y a quelques jours sur Facebook l'indignation d'une militante,
dénonçant un cirque ayant laissé son chameau perdre ses poils par plaques sans
le soigner.
La pauvre ignorait sans doute que les
chameaux muent au printemps...
Des associations se sont liguées au mois
de mars pour dénoncer la gale dont le poney d'un cirque aurait été atteint.
Dépêchés par le cirque, deux vétérinaires n'ont rien diagnostiqué, mais le mal
était fait.
La photo d'un éléphant, le pied ligoté
par une chaîne, circule sur les réseaux sociaux, afin de justifier le combat
des activistes. Ceux qui utilisent cette photo omettent de préciser qu'elle a
été prise... en Ukraine il Contrairement à ce qu'affirment certains activistes,
il n'est nul besoin d'utiliser un crochet (ankus) pour dresser un éléphant.
Le
dresseur Elvis Errani travaille au Cirque Bouglione avec ses éléphantes à la
voix, et c'est bien suffisant. D'ailleurs, les cornacs indiens n'ont pas besoin
de ce genre de torture pour dresser des éléphants, avec lesquels ils nouent une
grande complicité, souvent à vie.
Le bâton en bambou utilisé par les
dresseurs de fauves serait également impuissant à lutter contre l'attaque d'un
félin. Ce bâton sert uniquement à donner un morceau de viande au fauve,
c'est-à-dire une récompense après la réalisation du numéro demandé.
Des contrôles drastiques
Le public l'ignore sans doute, mais les
conditions de dressage et de détention des animaux de cirques sont sévèrement
contrôlées par l'État et ses services vétérinaires. Un arrêté du 18 mars 2011
dresse la liste des animaux non domestiques et soumet les propriétaires de ces animaux
à de strictes obligations. Ainsi, les fauves disposent d'une zone de détente en
dehors de leurs cages, dont la taille est imposée. Cette zone contient en
général des rondins de bois et une piscine de détente, notamment pour les
tigres.
Quant
au dressage, il y a bien longtemps que les odieuses pratiques consistant à
faire peur ont été abandonnées. Le dressage, qu'il s'agisse des chevaux ou des
lions, fait appel à l'éducation éthologique. Elle est d'ailleurs plus efficace
et permet d'augmenter l'empathie entre l'homme et l'animal. Chaque animal
dispose d'un carnet de santé, et les animaux sauvages sont recensés dans un
registre sur lequel les agents de l'État annotent le contenu de leurs
contrôles.
Il faut savoir qu'un cheval de cirque est
dressé une fois pour toutes, après il n'y a plus vraiment de répétitions. Il
n'est ni ferré, ni monté, ni castré, à la différence des chevaux de centres
équestres.
Il
travaille trois à six fois 10 minutes par semaine, et non pas six à huit heures
par jour, comme dans les écoles d'équitation.
En dépit de cette réalité, des activistes
écument les mairies afin d'obtenir des arrêtés interdisant l'installation dans
les communes de cirques détenant des animaux. Une cinquantaine de communes sur
36 000 ont succombé à la tentation, alors que de telles décisions sont
illégales.
La riposte des cirques
Las
du harcèlement permanent dont ils sont l'objet, fatigués de devoir quémander le
droit de pratiquer leur art, agacés par l'attitude hostile de certains maires,
les cirques ont décidé de réagir en organisant à Paris, le 14 juin, une journée
de découverte gratuite.
Animaux, artistes et célébrités du monde
du cirque seront présents tout au long de la journée, pour montrer aux Français
l'autre facette du cirque. Celle d'un métier exigeant, ou la complicité
homme/animal est au coeur de la réussite.
La "standing ovation" à laquelle ont eu droit les
artistes du Cirque d'Hiver Bouglione à Caen le 28 mai en témoigne : malgré l’avalanche
de critiques, les Français aiment le cirque, parce qu’il le vaut bien.
Source les
Echos
En savoir plus sur https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-170535-300-cirques-francais-en-peril-face-aux-attaques-des-animalistes-2090529.php#emRHwQ8WBr4PyDgQ.99