mercredi 31 mai 2017

Face au harcèlement dont ils sont l'objet au nom de la cause animale, les cirques ripostent. Le 14 juin, ils organisent à Paris une journée de découverte gratuite.

La cause animale, qui était jusque-là un sujet de société, est en train de devenir un enjeu politique. À telle enseigne que le petit "parti animaliste" vient d'investir 147 candidats à la faveur des législatives de juin 2017, et ce n'est pas tout.

Depuis plusieurs mois les scandales se succèdent : l'association L214 a dénoncé il y a peu les conditions d'élevage de 160 000 poules en Vendée. Les conditions dans lesquelles les bêtes d'abattoir sont mises à mort font régulièrement la Une de l'actualité depuis 2010. Ségolène Royal a terminé son mandat en interdisant la reproduction des mammifères marins dans les parcs aquatiques.

Des rumeurs...
Ces derniers jours, c'est la décision d'un petit-fils Bouglione, André-Joseph, d'abandonner l'utilisation des animaux pour son spectacle qui a fait la Une, certains médias confondant allègrement ce petit  cirque avec le grand Cirque d'Hiver Bouglione.
De son côté, le Youtubeur Rémi Gaillard a mis le feu aux poudres en mettant en ligne une vidéo dénonçant les conditions de dressage des animaux de cirques. Cette vidéo montre des oursons et des éléphanteaux torturés dans des cirques asiatiques, alors que le propos du Youtubeur est de dénoncer la pratique des cirques français. Ceux-ci ont crié à la manipulation, mais la rumeur enfle.
Dans la même veine, on pouvait sur lire il y a quelques jours sur Facebook l'indignation d'une militante, dénonçant un cirque ayant laissé son chameau perdre ses poils par plaques sans le soigner.
   La pauvre ignorait sans doute que les chameaux muent au printemps...
Des associations se sont liguées au mois de mars pour dénoncer la gale dont le poney d'un cirque aurait été atteint. Dépêchés par le cirque, deux vétérinaires n'ont rien diagnostiqué, mais le mal était fait.
La photo d'un éléphant, le pied ligoté par une chaîne, circule sur les réseaux sociaux, afin de justifier le combat des activistes. Ceux qui utilisent cette photo omettent de préciser qu'elle a été prise... en Ukraine il Contrairement à ce qu'affirment certains activistes, il n'est nul besoin d'utiliser un crochet (ankus) pour dresser un éléphant.
Le dresseur Elvis Errani travaille au Cirque Bouglione avec ses éléphantes à la voix, et c'est bien suffisant. D'ailleurs, les cornacs indiens n'ont pas besoin de ce genre de torture pour dresser des éléphants, avec lesquels ils nouent une grande complicité, souvent à vie.
Le bâton en bambou utilisé par les dresseurs de fauves serait également impuissant à lutter contre l'attaque d'un félin. Ce bâton sert uniquement à donner un morceau de viande au fauve, c'est-à-dire une récompense après la réalisation du numéro demandé.
Des contrôles drastiques
Le public l'ignore sans doute, mais les conditions de dressage et de détention des animaux de cirques sont sévèrement contrôlées par l'État et ses services vétérinaires. Un arrêté du 18 mars 2011 dresse la liste des animaux non domestiques et soumet les propriétaires de ces animaux à de strictes obligations. Ainsi, les fauves disposent d'une zone de détente en dehors de leurs cages, dont la taille est imposée. Cette zone contient en général des rondins de bois et une piscine de détente, notamment pour les tigres.
Quant au dressage, il y a bien longtemps que les odieuses pratiques consistant à faire peur ont été abandonnées. Le dressage, qu'il s'agisse des chevaux ou des lions, fait appel à l'éducation éthologique. Elle est d'ailleurs plus efficace et permet d'augmenter l'empathie entre l'homme et l'animal. Chaque animal dispose d'un carnet de santé, et les animaux sauvages sont recensés dans un registre sur lequel les agents de l'État annotent le contenu de leurs contrôles.
Il faut savoir qu'un cheval de cirque est dressé une fois pour toutes, après il n'y a plus vraiment de répétitions. Il n'est ni ferré, ni monté, ni castré, à la différence des chevaux de centres équestres.
Il travaille trois à six fois 10 minutes par semaine, et non pas six à huit heures par jour, comme dans les écoles d'équitation.
En dépit de cette réalité, des activistes écument les mairies afin d'obtenir des arrêtés interdisant l'installation dans les communes de cirques détenant des animaux. Une cinquantaine de communes sur 36 000 ont succombé à la tentation, alors que de telles décisions sont illégales.
La riposte des cirques
Las du harcèlement permanent dont ils sont l'objet, fatigués de devoir quémander le droit de pratiquer leur art, agacés par l'attitude hostile de certains maires, les cirques ont décidé de réagir en organisant à Paris, le 14 juin, une journée de découverte gratuite.
Animaux, artistes et célébrités du monde du cirque seront présents tout au long de la journée, pour montrer aux Français l'autre facette du cirque. Celle d'un métier exigeant, ou la complicité homme/animal est au coeur de la réussite.
 La "standing ovation" à laquelle ont eu droit les artistes du Cirque d'Hiver Bouglione à Caen le 28 mai en témoigne : malgré l’avalanche de critiques, les Français aiment le cirque, parce qu’il le vaut bien.
Source les Echos
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