lundi 4 mai 2015

Quarante ans de passion au Cirque Helvetia

Saga familiale
Trois générations sous un même chapiteau: Daniel et Brigitte Maillard encadrent ici leur fils Julien et son épouse, Anaïs, et leur petit Simon. Au second plan, la troupe de la tournée «Poésie».
Image: JEAN-PAUL GUINNARD

Unie par l’amour de la piste, la famille Maillard incarne la magie circassienne en Suisse romande.
Enfant, Daniel Maillard plantait des clous dans le plancher de sa chambre pour y arrimer des chapiteaux improvisés. Il s’était entiché de cirque à l’issue d’une représentation et ce rêve de gosse pourchassé au prix de patients efforts a donné naissance à une saga familiale qui célèbre quatre décennies de passion. Pour acquérir, en 1975, l’Arène Helvetia, le jeune Lausannois a économisé sur ses salaires de dessinateur en bâtiment, d’afficheur au cirque Gasser et de jongleur au Cirque Nock.

Dans le taxi qu’il conduit l’hiver, il prépare les billets des spectacles de l’été. Sous les 12 mètres de diamètre de la tente originelle, achetée en 1978, se déploie un spectacle complet avec des artistes invités. Parmi eux, une jeune contorsionniste et trapéziste débarque de l’école Fratellini en 1981. «Ça a été le coup de foudre», s’émotionne encore Brigitte Maillard. Elle épouse le directeur et fonde avec lui une famille où s’imbriquent étroitement la passion de la piste et l’amour de deux garçons, Julien et David. «Le cirque, c’est une philosophie. La vie privée n’est pas séparée de la vie publique. C’est beaucoup de responsabilités, mais, à part les horaires des spectacles, le travail on le fait quand on veut.»
Un dur travail
A l’entendre, la vie «à l’extérieur», avec ses horaires d’école ou de bureau, est infiniment plus compliquée que celle de la caravane nomade parcourant la Suisse romande, toujours dans de petites cités «où c’est beaucoup moins cher qu’en ville», souffle Daniel Maillard. Pourtant, pour assurer chaque saison deux heures de spectacle, la famille trime et ne s’accorde que deux semaines de vacances. La gracile jeune grand-maman, qui trouve encore deux heures par jour pour entretenir sa condition physique, n’aurait troqué cette vie pour aucune autre.

Enfants, les garçons suivaient le programme envoyé par les écoles de Moudon sous la houlette d’une institutrice privée, puis s’entraînaient une heure avant d’aller s’ébattre dans les parcs. «Je pouvais les surveiller depuis ma caravane, se remémore leur mère. Pas besoin de nounou, on pouvait toujours s’arranger avec les autres artistes.»
En tournée, la vingtaine de personnes de la troupe se mobilisent dans toutes les tâches. «Il y a le montage du chapiteau, la buvette, la caisse, l’administration, la comptabilité, égrène Brigitte Maillard. Il faut se raccorder à l’électricité, à l’eau, gérer les relations publiques, les transports…»

S’ils étoffent chaque spectacle avec des artistes invités, les Maillard assument nombre de numéros, se partageant contorsionnisme, disciplines aériennes, jonglage, clownerie, monocycle ou magie, chacun se perfectionnant via diverses écoles et stages, les deux frères récoltant au passage de multiples prix.

Venues d’autres horizons, Anaïs et Hélène complètent l’arbre familial. Formées par leur belle-maman, elles prennent leur part lors des représentations. «Je n’avais jamais imaginé vivre dans un cirque, raconte Anaïs. C’est une sacrée adaptation.» Et s’il ne tient pas encore tout à fait sur ses jambes, son petit Simon fait déjà son apparition dans les représentations diurnes. «Il adore ça!»

Rien ne les arrête
Protégée d’une carapace de paillettes, la passion a résisté aux tribulations. Qu’une représentation fasse vingt entrées ou trois cents, qu’un ouragan dévaste la tente ou que le patriarche subisse un AVC, le cap ne varie pas: «On aurait pu tout vendre, faire autre chose. On ne l’a même pas envisagé, soutient Brigitte. En 1982, on a fini la saison avec 700 francs pour tenir de novembre à mars. On a emmené toute la troupe au restaurant! Puis on a trouvé un travail pour l’hiver et on s’est remis à flot.» La concurrence? «Ce n’est pas les autres cirques, précise Julien Maillard, directeur depuis 2011. C’est plutôt la télé… Mais l’autre jour j’ai entendu un enfant dire en sortant: «C’est mieux que sur la tablette.» Comme quoi il y a encore de l’espoir pour le spectacle vivant!»
Source 24heures
 LA TOURNEE
St-Prex 15h00 et 19h00 | 08 Mai 2015
Apples  18h00 | 09 Mai 2015
Apples  15h00 | 10 Mai 2015
Cossonay 19h00 | 12 Mai 2015
Cossonay 15h00 | 13 Mai 2015
Gimel 19h00 | 15 Mai 2015
Gimel 15h00 et 18h00 | 16 Mai 2015
Gimel 15h00 | 17 Mai 2015
Orbe Complet | 19 Mai 2015
Orbe     15h00 et 19h00 | 20 Mai 2015
Le Sentier 19h00 | 22 Mai 2015
Le Sentier 15h00 et 18h00 | 23 Mai 2015
Le Sentier 15h00 | 24 Mai 2015
Vallorbe 19h00 | 26 Mai 2015
Vallorbe 15h00 | 27 Mai 2015
Bevaix  19h00 | 29 Mai 2015
Bevaix  15h00 et 18h00 | 30 Mai 2015
Bevaix  15h00 | 31 Mai 2015